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1701 : Quand Besançon offrait une messe perpétuelle à Louis XIV

Le Roi Soleil a bien connu la ville de Besançon, qu’il fréquenta à plusieurs reprises. L’un des gestes du monarque absolu envers la communauté catholique bisontine lui valu un honneur rare dans la cité comtoise.
En 1674, la Cathédrale Saint-Etienne (qui trônait alors sur le Mont du même nom) est détruite pour permettre la construction de la Citadelle de Vauban.
Objets et mobiliers qu’elle contenait sont transférés en la Cathédrale Saint-Jean toute proche. Mais la paroisse et ses terrains, les maisons de chanoines attenantes et leurs vergers sont perdus pour le Chapitre.
Louis XIV, souhaitant rendre justice à ses sujets, chargea en 1699 Isaac de Robelin “ingénieur ordinaire du Roy, ayant la direction des fortifications de la Franche-Comté” de réaliser un inventaire et une estimation du préjudice.
Un front “en souvenance”
De Robelin indique dans son procès-verbal qu’en “souvenance de ladite église”, la contrescarpe de la Citadelle qui a pris sa place fut nommée “Front Saint-Etienne”. 
En 1701, le Chapitre de Besançon est indemnisé par le Roy qui “a fait faire la liquidation de l’indemnité qui revenait aux Chanoines. Ils en ont reçu le prix cette année, dans un temps où les besoins de l’Etat auraient pu faire retarder encore ce paiement”, précise le Mercure Galant (périodique de l’époque, relatant la vie de la Cour et les événements mondains).Le règne de Louis XIV est en effet animé par un enchaînement de guerres et, en 1701, débute celle de la succession d’Espagne.
Aussi, le Chapitre, “pénétré des bontés de Sa Majesté (…) a fondé à perpétuité une messe solennelle chaque année le 5 septembre, jour de la naissance du Roy, pour la conservation de Sa Majesté & de toute la famille Royale”.
Célébration grandiose
La cérémonie était grandiose : dès la veille, toutes les cloches de la Cathédrale l’annonçaient à la population.
Le Mercure Galant donne le détail du déroulé des événements du 5 septembre 1701 : “Tous les Chanoines revêtus de chappes, se rendirent à la Sacristie pour prendre le Célébrant, qui se trouva en Mitre avec les Assistants, suivant l’usage de cette église (…) rien n’est plus magnifique que la manière dont ces Chanoines sont vêtus (…) ils ont toujours joint à cette magnificence la modestie, si naturelle au Clergé de France, & qui fait le principal ornement de leurs cérémonies.Ils allèrent ensuite processionnellement de la Sacristie, à la Chapelle du Saint Suaire, où cette précieuse Relique, enfermée dans un coffre d’or, fut prise par le Célébrant, & portée à la procession qui se fit autour du cloître de l’église.
Les personnes les plus distinguées par leur naissance et par leurs emplois y assistèrent. Et il s’y trouve une foule incroyable de peuple.
Au retour de la procession, le Célébrant mit le Saint Suaire sur le grand Autel, et célébra pontificalement la Messe, qui fut chantée par la musique du Chapitre (…) parfaitement assortie de voix et d’instruments.
A la fin de la Messe, l’on donna la triple bénédiction avec le Saint Suaire, qui fut ensuite reporté dans la Chapelle, dans le même ordre (…) et avec les mêmes cérémonies”.
On trouve également trace de cet hommage au Roi Soleil dans les Actes du Chapitre de Besançon. A la date du 28 novembre 1701, on peut lire que “ledit Chapitre, pour conserver un éternel souvenir des bontés de Sa Majesté et en témoigner à jamais sa très humble reconnaissance, a fondé une messe solennelle qui se célèbrera à l’autel canonial, le 5 septembre de chaque année (…) dans lequel office on exposera la relique du Saint Suaire, et l’on y observera les mêmes cérémonies qu’au jour de la fête du Saint Suaire, offrant à Dieu le saint sacrifice de la messe, pour la conservation du Roy et de la famille royale”.
Destination des fondsD’ailleurs, ce document porte également sur l’emploi qui sera fait des sommes accordées par Sa Majesté. L’indemnisation se compose de dix mille livres “payables annuellement par toutes les communautés contribuables de la province de Franche-Comté (…) pour l’intérêt au denier vingt de la somme capitale de deux cent mille livres, monnaie du royaume, à laquelle Sa Majesté a fixé le dédommagement de l’église de Saint-Etienne et fonds y joignant”.
Ces fonds seront divisés en trois parties, l’une allouée à la décoration de la Cathédrale, l’autre à répartir à parts égales entre les chanoines ayant effectué leur stage ; et la dernière pour augmenter la rétribution du “point du cœur”.
71500 livres furent également accordées, pour rebâtir à proximité de Saint-Jean les maisons de chanoines tombées avec l’ancienne Cathédrale.
On ne sait combien d’années le rituel en l’honneur de Louis Le Grand perdura, probablement jusqu’à sa mort, en 1715. C’était en tous les cas un véritable événement dans la vie locale, car en dehors de cette célébration, le Saint Suaire n’était exposé à la foule que deux fois l’an : Pâques, et l’Ascension.
Crédits photos : MuCEM ; Pierre Guenat/Narthex ; DR ; Archives Nationales

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