Alors que les travaux se poursuivent sur le site de l’ancien hôpital Saint-Jacques, une nouvelle campagne de fouilles a débuté le 5 février et révélé de nouveaux vestiges antiques.
Dans le cadre de l’aménagement du parc de la cour St-Joseph, deux tranchées ont été ouvertes dans l’espace vert. Une autre longe le pavillon St-Bernard, à l’emplacement du bâtiment St-Paul. Au total, ce sont environ 2000m² qui sont fouillés par les 8 archéologues et stagiaires du SCAP de Besançon.
Qui dit archéologie préventive, dit contraintes : durée limitée (la campagne prendra fin mi-avril) et profondeur plafonnée par la Préfecture. Sans compter les autres difficultés propres au terrain : pas de nappe phréatique ici, mais des arbres à conserver, des lignes haute tension enfouies et une zone de sécurité à respecter pour ne pas trop s’approcher du bâtiment St-Bernard.
Le vestige le plus « récent » mis au jour est un reste de l’escalier en pierre qui permettait d’accéder au vaste jardin potager de l’hôpital au XVIIIème siècle, lorsque l’édifice était l’un des plus beaux hôpitaux du royaume.
Puis, ce sont des traces de l’Antiquité qui se dévoilent. Près du bâtiment St-Bernard (là où se trouvait l’entrée des urgences, pour ceux qui l’ont connue), les restes d’une voie romaine, une coursive menant aux entrepôts (situés de l’autre côté du pavillon hospitalier), les fondations d’une domus et de son péristyle se laissent apercevoir. Frustration pour les chercheurs : la domus date du IIIè siècle et en recouvre une autre plus ancienne, du Ier siècle ; mais il n’est pas possible de creuser plus profond pour aller découvrir cette dernière, limites de fouilles préventives obligent…
Un peu plus en retrait, une structure carrée, dont on estime qu’il s’agissait d’un séchoir à grains.
Le terre est teintée de traces rosâtres en plusieurs endroits : ce sont les enduits peints qui décoraient les murs de la domus qui, au fil des siècles, se sont dissous dans le sol.
Les deux tranchées ouvertes dans le parc St-Joseph permettent d’explorer un peu plus avant cette riche demeure. Outre quelques monnaies et fragments de poteries, y furent découvertes des tuiles du toit, au niveau du sol, consécutivement à l’effondrement de ce dernier. Un plan de la maison est en cours d’élaboration grâce à l’identification de ses divers espaces (jardin, communs, triclinium, etc). Sa superficie est imposante, mais les fragments notamment de mosaïques retrouvés sur place démontrent que son propriétaire n’était pas le plus fortuné des bisontins.
Trois couleurs différentes ont été relevées sur les fragments de mosaïques excavés, cependant, étant dispersés et incomplets, ils ne permettent pas de reconstituer le motif qui ornait le sol de cette pièce. D’autres sols de la domus étaient en terrazzo, dont le motif se devine encore pour qui sait ouvrir l’oeil.
Ces découvertes, fascinantes mais mineures, seront exhaustivement documentées par les archéologues bisontins dans le cadre d’un rapport à venir. Quant aux vestiges, ils resteront à priori en place, ensevelis sous les aménagements (pont, bassin et espaces verts) qui occuperont la cour St-Joseph fin 2026.
Enfin, deux tranchées supplémentaires seront exploitées près du pavillon Bersot, et dans la cour d’honneur au mois de mai, pour une courte durée (une dizaine de jours seulement). A voir ce qu’elles nous révéleront…